Le groupe montbrisonnais n'est pas du genre à chanter victoire. Pourtant, après les trois (de la musique) qu'ils ont raflées samedi dernier, Mickey et sa bande sont bien obligés de composer avec une médiatisation d'une nouvelle ampleur. Rentrés dans leur Montbrisonnais natal lundi soir, ce n'est que dans quelques jours, peut-être, qu'ils pourront enfin prendre le repos et le recul dont ils rêvent.
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«Qui a dit que je n'étais pas fait/Pour chanter des chansons ?/Que je faisais trop de fautes de français/Fiasco à l'horizon », interrogeait un Mickey un rien revanchard sur le deuxième album des Mickey 3d, La Trêve.
On ne sait qui est l'auteur de cette prévision très clairvoyante (!), et c'est sans doute ainsi mieux pour elle ou lui... Car en fait de fiasco, c'est un véritable triomphe que connaît le groupe montbrisonnais depuis plus d'un an, avec le carton du single Respire et de l'album Tu vas pas mourir de rire (quelque 250 000 exemplaires vendus à ce jour).
Un triomphe couronné samedi dernier lors des Victoires de la musique, où le groupe a raflé pas moins de trois prix (sur cinq nominations) : album pop-rock, chanson originale de l'année et vidéo-clip de l'année (1). Et où des millions de téléspectateurs, sans doute, ébahis ont découvert que, du côté de Saint-Etienne, il y avait autre chose qu'une équipe de foot...

« On a touché le grand public »

Mickey, Jojo et Najah, que l'on a senti pour le moins surpris, pour ne pas dire gênés, au moment d'aller récupérer leurs prix sur scène, semblent encore avoir du mal à réaliser : « Avoir trois Victoires, c'est énorme ; ça fait super plaisir de voir que les gens du métier ont voté pour nous, surtout quand tu vois tous les autres artistes, pour certains bien plus connus que nous, qui étaient nominés », nous confiait Mickey mardi soir par téléphone.
« Même si la Victoire la plus logique était celle pour le clip, celle qui nous a fait le plus plaisir, c'est bien sûr celle de l'album ; c'est quand même pas un truc qui arrive tous les jours..., poursuit Mickey. Après, la Victoire de la chanson, c'était bonus ! »

« Le téléphone sonne non stop »

Ces trois Victoires télédiffusées, cela semble tout bonus, effectivement, pour le groupe, qui a ainsi « touché le grand public » et qui a vu deux de ses albums (Tu vas pas mourir de rire et le dernier sorti, Live à Saint-Etienne) (re) rentrer dans le Top 50 des meilleures ventes dès ce début de semaine.
Revers de la médaille : « Le téléphone sonne non stop depuis qu'on est rentrés, pour tout et n'importe quoi. Il y même des gens qu'on ne connaît absolument pas et qui appellent parce qu'ils veulent nous féliciter », rapporte Mickey, qui, pour le coup, voudrait bien pouvoir se transformer en petite souris et disparaître quelque temps dans un trou !
Pas que Mickey et sa bande aient pris la grosse tête, loin de là : « On ne va quand même pas se plaindre ! » Simplement, comme ils nous le confiaient il y a quelques semaines, ils aspirent à prendre un peu de repos et de recul en cette année 2004.
Mais il semble bien que, pour cela, il leur faudra attendre encore un peu : à peine rentré à Montbrison (lundi soir), le groupe sera à nouveau à Paris dès aujourd'hui pour rencontrer les (très) nombreux médias qui le sollicitent depuis samedi dernier.

LOÏC TODESCO
(1) : Le clip de Respire a été réalisé par Jérôme Combe, Stéphane Hamache et André Bessy.

«On reste nous-mêmes et c'est très bien comme ça»

Gagner trois Victoires, ça fait quoi ? « Ça nous est tombé dessus sans qu'on s'y attende plus que ça, et vu que, depuis samedi, on n'a pas vraiment eu le temps de poser les pieds sur terre, on n'a pas encore bien réalisé ; ça viendra sans doute plus tard. En tout cas, c'est sûr que jamais je n'aurais pu imaginer un truc pareil à l'époque où, avec les potes, on organisait des petits concerts à Ecotay.
La seule chose dont je rêvais alors, c'était pouvoir vivre un jour de ma passion, la musique, en étant intermittent, car c'est ce que je voulais vraiment. »
Lors des Victoires, vous avez côtoyé des artistes à l'univers bien éloigné du vôtre. En même temps, maintenant, vous faites un peu partie du même « cercle » d'artistes reconnus
« Honnêtement, c'est vrai que par rapport à Kyo ou Obispo, on n'est pas du tout sur la même planète, on n'est pas du style à fréquenter les soirées «show-biz» Mais pour autant, il n'y a aucun problème avec eux.
Pour la soirée des Victoires, on était avec nos «potes», des artistes qu'on apprécie comme Dyonisos ou les Wampas. »
Après votre petit mot en faveur des intermittents, vous avez lancé en chanson une « pique » au gouvernement (1)
« Oui, je savais que si on gagnait la Victoire de la chanson de l'année, on devait la rejouer à la fin de la soirée, alors je me suis dit «autant la faire un peu différemment en faisant passer nos idées».
C'est vrai qu'on aime bien s'exprimer en chanson. »
Ce succès, ça change quoi dans votre vie ?
« Rien, du moins pour nous, on reste nous-mêmes. On gagne juste aujourd'hui un peu plus d'argent que la plupart des musiciens, mais ça compense toutes les années où on a galéré. Tu vois, on habite toujours dans nos petits apparts à Montbrison, on n'a pas des vies de fou et on est très bien comme ça. Et pour ce qui est des Victoires, on n'est pas du genre à se mettre la pression pour ça. »

(1) : Lors de leur deuxième interprétation de Respire, à la fin de la soirée, Mickey a remplacé les paroles originales « Tes petits-enfants, ils n'auront plus qu'un oeil (...) c'est la faute aux anciens » par « ils n'auront plus de retraite (...) c'est la faute à Raffarin ».

RECUEILLI PAR L.T.

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